jeudi 26 mai 2011

Et pour finir...

C’est le départ. Ce blog va prendre fin. Mais pour ceux qui auraient eu la curiosité et la patience de lire encore ce blog aujourd’hui, je veux offrir ces quelques visages et silhouettes, compagnons que le Seigneur a mis sur mon chemin pendant les quelques jours de ce rassemblement, grâce au conseil œcuménique des Eglises. Que ces visages lointains deviennent pour vous aussi des prochains !  Didier Crouzet, relations internationales, Eglise réformée de France.


                     


mercredi 25 mai 2011

En route pour la prochaine étape!

Dernier jour ! Le Rassemblement Œcuménique International pour la Paix s’est clos ce soir et du même coup la Décennie pour vaincre la violence (DVV). Mais ce rassemblement n’est en fait qu’une étape : étape sur le chemin de la paix, étape vers l’assemblée générale du Conseil oecuménique qui aura lieu à Busan (Corée du Sud) en octobre 2013. Comme l’a dit Fernando ENNS, le coordinateur de la DVV : « Nous ne sommes pas satisfaits. Il reste beaucoup à faire. Pourtant nous avons fait l’expérience ici en Jamaïque du dialogue, de la communion. Nous avons goûté la paix de Dieu. Il nous faut maintenant relayer ce que nous avons appris vers nos Eglises ».


C’est ce que le Message du Rassemblement veut exprimer. Travaillé en petits groupes, il a fait l’objet de nombreux amendements et a été adopté par acclamation. Extraits : « Les Eglises membres du COE sont unies comme jamais lorsqu’elles recherchent les moyens de rejeter la violence et la guerre en faveur d’une « Paix juste ». « Les engagements partagés ici nous ont montré qu’il était possible de surmonter la violence. La DVV a généré de nombreux exemples de chrétiens qui ont fait la différence ». « Avec les partenaires d’autres convictions, nous reconnaissons que la paix est au coeur de toutes les religions ». « L’éducation à la paix devrait être au centre de la formation des enfants et des jeunes ». « Nous nous joignons aux partenaires de la société civile pour réclamer à nos gouvernement une politique qui soit écologiquement durable ». « Le dépenses d’armement sont un scandale alors qu’il est urgent de débloquer des fonds pour lutter contre la pauvreté ». « En contraste avec une croissance économique inéquitable envisagée par le système néolibéral, la Bible propose une vision de la vie en abondance pour tous ». « La violence est contraire à la volonté de Dieu et ne peut jamais résoudre les conflits ».

Rien d'extraordinaire, ni de bien nouveau. Pourtant il se dégage de ce message une dynamique communicative qui personnellement me stimule pour repartir avec cette conviction : les Eglises ont une force qu’elles ne soupçonnent pas toujours. Cette force collective, il appartient à chaque Eglise de la mettre en oeuvre pour promouvoir la paix. Il est du rôle de chaque Eglise locale de se demander : « comment faisons-nous changer les choses là où nous sommes ? Comment transformons-nous notre environnement pour faire avancer le Royaume de Dieu ? Comment « faisons-nous la différence » ?

mardi 24 mai 2011

Paix sur la terre !

Aujourd’hui, quatrième journée thématique. Après « Paix dans la communauté », « Paix avec la terre », Paix dans l’économie »,  nous avons travaillé : « Paix entre les peuples ». Au cours de la séance plénière, il a été question de désarmement, d’éducation à la paix, de non violence, de la dénonciation du viol comme arme de guerre. Avec une grande question : qu’est ce que nous entendons par « sécurité » ? Les nations entretiennent des arsenaux et font le commerce des armes au nom de la « sécurité nationale », mais que font-elles de la sécurité alimentaire, de la sécurité au travail, de la sécurité sociale ? Et Jésus, de quelle sécurité parle-t-il ? Il n’utilise pas ce terme de « sécurité » mais plutôt celui de paix et de protection. Et celle-ci ne se limite pas à un territoire mais concerne tous les habitants de la terre. Alors, quelle contribution spécifique pouvons-nous apporter en tant qu’Eglises pour dénoncer la violence et faire avancer la cause de la paix ?

 
Comme chaque jour, le thème est approfondi à travers une cinquantaine d’ateliers au choix. Par exemple : « Le dialogue interreligieux pour bâtir une société de paix », « Formation à la résolution non-violente des conflits », « Contribution orthodoxe à une théologie de la paix », « Fort sans violence : projets de prévention de la violence parmi les jeunes », « Promouvoir la paix et la réconciliation dans la région des grands lac en Afrique ».

 
J’ai choisi d’aller découvrir comment les Quakers font avancer la cause de la paix. Malgré leur petit nombre (400 000 dans le monde, soit à peine plus que l'Eglise réformée de France !), les Quakers ont un bureau auprès des organisations internationales à New York et à Genève. Ils ne font pas de lobbying, mais facilitent la rencontre et le dialogue pour amener les diplomates et représentants nationaux à réfléchir sur les fondements de leurs actions. Ils font aussi remonter du terrain des témoignages. Leur conclusion : le monde des décideurs planétaires est plus ouvert qu’on ne le croit, et en travaillant avec les individus, on peut influencer la politique globale.

Comme quoi, on n’est pas obligé d’être très fort et très grand pour être efficace !


lundi 23 mai 2011

"Pas de Jamaïque sans musique"

Voilà un slogan que les délégués entendent de la bouche des organisateurs jamaïcains depuis le début du rassemblement. Et quand je dis qu’ils l’entendent, ils l’entendent vraiment. Pas une journée ne se passe sans un concert, un spectacle, un groupe musical, une chorale. Mercredi c’était une chorale d’adultes, jeudi une chorale d’enfants, vendredi un concert public dans le parc de l’Emancipation à Kingston, samedi un spectacle de danses, de chants de témoignages organisé par les jeunes stewards, dimanche une comédie musicale sur la paix jouée par des jeunes des quartiers difficiles de la capitale. Sans oublier les chants qui rythment les cultes. Et que dire de cet ensemble de « cuivres », dont les instruments sont fabriqués à partir de fûts d’essence ? Une pure merveille ! Oui, la musique est omniprésente et cela entraîne les participants à une grande convivialité.

Ce matin, au cours de la célébration œcuménique, le prédicateur jamaïcain, voyant que beaucoup de fidèles restaient immobiles pendant les chants, a exhorté l’assemblée à bouger. « Ici, on prie avec la tête et avec les pieds ! ».  Alors les pieds s’y sont mis, et puis aussi les mains, et puis forcément le reste du corps, et voilà une assemblée joyeuse, souriante (essayez donc de taper dans vos mains en gardant un visage inexpressif !), à la foi communicative.

Cette musique qui fait partie de la vie jamaïcaine aide à comprendre un autre slogan que j'évoquais déjà il y a quelques jours : « No Problem ». Des problèmes il y en a,  mais on va trouver une solution, forcément. Le problème, c’est qu’on ne sait pas quand ! Peu importe, on attend… en écoutant de la musique qui chasse les mauvaises humeurs et adoucit les mœurs, comme dit le proverbe. Finalement, ce n’est pas idiot d’écouter beaucoup de musique quand on recherche la paix ! 

dimanche 22 mai 2011

La paix en priant

Le ROIP, ce n’est pas seulement des exposés et des débats d’idées. C’est d’abord l’expérience d’une foi partagée à travers les cultes et les études bibliques. Car il est bien vrai que si le Seigneur ne bâtit la maison… Pour construire un monde de paix, les chrétiens doivent d’abord apprendre à vivre en paix avec eux-mêmes et avec leurs voisins, à commencer par ceux des autres confessions chrétiennes. C’est ce que nous essayons de faire ici chaque jour.

Les trois temps de célébration qui rythment la journée sont des repères très forts. Prier, chanter, dire le Notre Père avec des chrétiens du monde entier nourrit la conscience universelle : là, on sait que l’on n’est pas l’Eglise tout seul, que l’on appartient à une grande famille. Ces moments sont riches de toute une symbolique développée selon le thème de la journée. La louange, la confession des péchés, la confession de foi sont illustrées par des gestes, des images, des petits jeux scéniques. Et ce sont tous les sens qui sont sollicités. La foi ne reste pas dans le cérébral mais s’exprime avec tout le corps.

Il suffit de pas grand chose : une serpillière que l’on tord dans une bassine d’eau pour évoquer ceux qui pleurent, des dessins d’enfants projetés pour confesser l’espérance, des chants en plusieurs langues, une pile usagée distribuée à l’entrée pour évoquer la pollution, des masques.


Avec la prière commune, la lecture biblique donne l’occasion de confronter des interprétations et de faire des rencontres inattendues : ce matin, j’ai étudié le passage des ouvriers de la onzième heure avec un martiniquais, converti à l’orthodoxie et prêtre sur son île d’une petite communauté rattaché au patriarcat de Moscou !

Je note aussi la place faite aux handicapés. Au sein du Conseil œcuménique des Eglises existe un réseau chargé de porter les préoccupations et les questions spécifiques des chrétiens qui souffrent d’un handicap. A chaque rencontre internationale, un certain nombre de place leur est réservé. Et c’est excessivement important qu’ils soient présents, avec leur canne d’aveugle, en fauteuil, avec leurs prothèses. Le corps du Christ ne sera pas en paix tant que chacun n’y aura pas trouvé sa place.

samedi 21 mai 2011

Tuvalu, tu l'as vu?

Tuvalu est un micro Etat du Pacifique Sud : 26 km², 8 îles, 12 000 personnes. Le changement climatique, ils connaissent : depuis quelques années, le niveau de la mer augmente, et comme la hauteur moyenne de l’archipel est de 4 mètres, certaines îles ont déjà disparu. Les réserves d'eau deviennent saumâtres. Le récif corallien s’étiole, ce qui entraîne une diminution de la faune sous marine et par conséquent une alimentation carencée pour les habitants dont le poisson est la seule source de protéines.

Quoi faire ? Les Tuvaluans construisent des digues, installent des toilettes au compost, sans eau, envisagent de chercher refuge dans d’autres îles plus hautes. Mais cela signifie abandonner son pays, perdre son identité. Ce n’est pas de gaîté de coeur que les Tuvaluans envisagent de devenir des « réfugiés climatiques ». Et puis ils cherchent des appuis. Car tous seuls, ils sont condamnés. A Tuvalu, on est loin des centres de décision, on est vraiment sans aucune prise sur le réchauffement climatique.

Le témoignage du pasteur du pasteur Tafue Lusama a ouvert la journée consacrée à « la paix avec la terre ». En entendant son appel à l’aide, on est heureux d’appartenir à une organisation telle que le conseil œcuménique des Eglises, qui permet de relayer le cri des populations en danger vers ceux qui ont le pouvoir de faire changer les choses. A commencer par nous, les occidentaux, dont le style de vie contribue grandement à modifier le climat et donc à faire monter le niveau de la mer. Certaines Eglises, en Ecosse, en Hongrie, en Finlande ont mis en place des programmes pour inciter les paroisses à économiser l’énergie et à devenir des « Eco congrégations ».

C’est pour nous un devoir de modifier notre manière de vivre si nous voulons être solidaires des Tuvaluans et autres populations menacées. Cet argument moral me paraît très fort. En revanche, l’argumentation biblique et théologique m’a beaucoup moins convaincu. Les boliviens cherchent à capter l’énergie des éléments naturels, les océaniens considèrent la terre comme la mère nourricière. Le rapport à la nature n’est pas le même dans toutes les cultures, et la référence souvent entendue à la Terre-Mère à côté du Dieu-Père me paraît moins appropriée en Europe que dans le Pacifique. Mais après tout avons-nous besoin de partager la même théologie pour agir solidairement ?

vendredi 20 mai 2011

ça marche!

Hier j’écrivais :  « La paix est un chemin ». Je ne croyais pas si bien dire ! Car au ROIP, on n’arrête pas de marcher. Aujourd’hui, première journée complète du rassemblement, les délégués ont pris la mesure du campus qui les accueille : l’université des Antilles de l’Ouest est une vaste étendue où les bâtiments sont séparés de plusieurs centaines de mètres. On marche pour aller des chambres au restaurant, du restaurant à la tente qui abrite les séances plénières, puis de la tente aux salles d’études bibliques ou d’ateliers, le  tout plusieurs fois par jour. Bref, on marche beaucoup, ce qui serait fort agréable si le soleil était un peu moins chaud : 30 à 35°, ça donne soif. Alors on marche et on boit, beaucoup. Nous avons tous reçu une petite bouteille verte (comme l’espérance) avec la consigne de la remplir souvent.  Et donc nous trinquons allègrement les uns avec les autres : le partage de l’eau comme signe de paix.

C’est justement la paix dans les communautés humaines qui était le thème de la journée. Une succession de témoignages a éclairé le thème : une chrétienne de Palestine, une femme Dalit (caste des indes soumis à un véritable apartheid), et le fils de Martin Luther King, engagé comme ses parents, dans la défense des Droits humains. Que retenir de ces interventions ? Une question : comment puis-je faire de la place pour l’autre, dans ma vie, dans ma ville, dans mon Eglise ? Comment pratiquons-nous l’hospitalité dans nos Eglises, afin qu’elles soient des communautés ouvertes et soucieuses de n’exclure personne ? Cultiver la paix suppose se forger des attitudes positives envers ses semblables. Même si une logique de compétition a sa place dans nos sociétés, ne serait-ce que dans le sport, nous devrions mettre l’accent sur la coopération, la « mutualité », l’interdépendance.

La coopération, nous la vivons ici pendant les temps de prières, très variés, toujours en plusieurs langues. Ce matin, j’ai eu l’honneur d’y participer : les organisateurs cherchaient un français de langue maternelle, et il n’y en a pas tant que ça ici ! La douce musique de notre langue a donc été entendue, manière comme une autre de défendre le pluralisme au sein du conseil oecuménique !